Guidée par ses propres expériences, les œuvres récentes d'Annie France Noël déconstruisent les émotions difficiles, cachées et ambivalentes de la parentalité par l'autoportrait, la mise en scène et le traitement de données. La série Les Baby Blues: Nutri, dont l’œuvre éponyme fait partie, aborde le deuil de l'échec de l'allaitement et l'obsession de produire et d'extraire le lait maternel, tout en faisant face aux baby blues postpartum. Travaillant avec le support photographique numérique comme base, diverses interventions destructives sur le tirage physique attirent l'attention sur ce qui est invisible, caché et perdu.

Ici, la commissaire Elise Anne LaPlante articule un encadrement plus large de ce travail:

«Depuis quelques années et par le biais de ces articulations du photographique, Annie France a également entrepris une recherche sur la parentalité, un sujet encore chargé de tabous, de non-dits et qui trouve un écho singulier au sein des revendications féministes et queers actuelles. Puisant dans son expérience personnelle, l’artiste retourne la caméra vers elle-même et ébranle les acquis d’un imaginaire commun – et contraignant – de l’expérience de l’accouchement et de l’allaitement. Mettre en œuvre ces expériences, en nommant les traumatismes qui portent en eux la honte et les déceptions et en explorant les tensions entre les émotions contradictoires de celles-ci, témoigne d’un réel engagement sociopolitique par le biais de l’art.»