Ethnocide
par : Audrey Arsenault
J'ai été choquée et profondément attristée d'apprendre que des milliers de corps d'enfants avaient été découverts autour d'anciens pensionnats au Canada. La création de cette œuvre déchirante m'a semblé être le meilleur moyen pour moi, en tant qu'autochtone, de traiter cette nouvelle impensable. La petite fille assimilée au bas de l'image est une extension de moi-même : si cela s'était passé il y a seulement quelques décennies, j'aurais pu me retrouver dans cette horrible situation. Elle regarde directement le spectateur avec des yeux écarquillés qui disent "s'il vous plaît, aidez-moi". La religieuse au sourire maléfique, dont la main en forme de griffe est posée sur la bouche de la pauvre enfant, a pour but de montrer la répression dont les enfants indigènes étaient brutalement punis parce qu'ils parlaient leur propre langue. La police montée royale canadienne a le dos tourné pour illustrer l'ironie de la situation : ces soi-disant héros ont ignoré les actes de cruauté perpétrés à l'encontre des populations autochtones. La feuille d'érable sur la manche du gendarme est à l'envers et déchirée en deux, ce qui montre à quel point la morale de mon pays est désorganisée. J'ai créé le schéma d'Ethnocide pour qu'il ait une ressemblance historique, mais cette œuvre a été créée dans l'espoir que mon pays, le Canada, puisse faire mieux à l'avenir. Nous pouvons tirer des leçons du passé pour commencer à nous traiter les uns les autres de manière équitable à l'époque contemporaine. J'ai utilisé la technique ancienne de la ciselure et du repoussé pour marteler ces trois figures en bas-relief dans le cuivre, et j'ai monté la pièce sur du bois d'érable.